La Communion Anglicane Libre Internationale,
dont nous sommes membres,
stipule:
Cette Communion ne fait pas de différence quant à
la race, nationalité, genre, orientation sexuelle, statut
social, métier ou profession, habileté ou handicap, état civil
ou passé marital, culture et croyances politiques de ses
membres. Tous les fidèles ont les mêmes droits et obligations
morales d’une vie chrétienne et sainte.
Cette Communion est ouverte et permet l’ordination des hommes
et des femmes, quelle que soit leur orientation, et enfin:
Nous croyons que le sexe pour le plaisir, les voluptés et les
drogues récréatives, ainsi que la promiscuité sexuelle (sexe
récréatif, sans relation sérieuse, coups d’un soir) vont à
l’encontre de l’esprit des Saintes Écritures. En contrepartie,
nous mettons en valeur toutes les unions authentiques, basées
sur l’amour, entre deux adultes ayant atteint la majorité
légale: de telles unions doivent être respectées, et on peut
les bénir dans nos églises. Nous avons, donc, la liberté
d’offrir la bénédiction religieuse sur ce genre d’unions.
De ce fait, vous pouvez solliciter une Messe de mariage pour un
couple de même sexe; vous pouvez devenir prêtre, même si vous
êtes une femme; vous pouvez devenir prêtre, même si vous êtes
lesbienne ou gai.
Notre inclusivité ne se dilue pas avec le passage des
frontières. Si vous êtes LGBT et en voyage, nos paroisses vous
accueillent partout dans le monde.
La Tradition de l’Église et la Bible – qui est le cœur de la
Tradition – nous enseignent que Dieu le Verbe (la deuxième
personne de la Trinité) est devenu humain, afin de sauver
l’humanité déchue. Jésus est non seulement Dieu parfait, mais il
est également un humain parfait. Si la masculinité et la
féminité avaient été ontologiquement différentes, et si Jésus
avait pris seulement la masculinité, il n’aurait pu sauver que
les mâles. Or, pour sauver toute l’humanité (femmes, hommes,
non-binaires), il a assumé une nature humaine unique. De ce
fait, tant qu’on est chrétien, aux yeux de Dieu il n’y a plus de
différences éthniques, sociales ni sexuelles. En Christ,
« il n’y a plus de Juif, ni de Grec ; il n’y a plus
d’esclave, ni de libre ; il n’y a plus de “mâle et femelle”
(ἄρσεν καὶ θῆλυ), car vous êtes tous un en Jésus Christ »
(Galates 3:28).
Que dit la Bible?
Des passages bibliques isolés ont été invoqués par toutes les
hérésies de tous les temps, alors qu’en réalité la Bible est le
livre de l’Église et pour l’Église, le miroir dans lequel sa
doctrine reçue des apôtres se réfléchit en permanence. Des
passages bibliques isolés ont été invoqués, par le passé, pour
justifier l’esclavage, des meurtres, la polygamie, le racisme,
le démantèlement des familles, et pour "démontrer" que la Terre
serait plate. Cela arrive lorsque l’on utilise les saintes
Écritures pour y cueillir des règles. Or c’est en lisant les
Écritures dans leur ensemble que nous y découvrons des
principes.
Lorsque nous tombons sur les passages bibliques encourageant
l’esclavage, par exemple, nous les lisons à la lumière du
principe d’égalité, qui est universel dans les Écritures, et
ainsi nous découvrons que les règles isolées sur l’esclavage
s’opposent aux principes généraux.
Il en va de même avec les passages bibliques sexistes, et avec
les règles isolées, qui veulent soumettre le sexe féminin au
sexe masculin (d’ailleurs, qu’est-ce qu’une femme? qu’est-ce
qu’un homme? les Écritures restent souvent vagues). Tout passage
biblique qui, dans sa lecture littérale, semble nous dire que
les hommes et les femmes seraient des êtres ontologiquement
différents, voire opposés, doit être interprété à la lumière du
principe doctrinal général: Jésus Christ contient en lui une
seule et unique nature humaine, qui est partagée par nous
tou‧te‧s (femmes, hommes et neutres). C’est de la christologie
de base. Toute personne qui prétend, sur base de n’importe quel
passage biblique, une complémentarité entre les hommes et les
femmes, mutile le Christ, et rejette
ipso facto la
rédemption opérée par Jésus. Si le Christ n’a pas la plénitude
de l’humanité, si le Christ n’a pas en lui ce que les femmes ont
en elles d’essentiel, nous sommes tou‧te‧s damné‧e‧s!
De surcroît, Jésus a pris son corps humain, donc son humanité
tout-entière, de la Vierge Marie, sans le concours d’un mâle.
Toute l’humanité du Christ vient d’une femme!
Puisque, donc, on baptise, on confirme et on communie une
personne humaine (et non une paire de testicules, ni une paire
d’ovaires), il en va de même pour le mariage et l’ordination. On
marie deux êtres humains, on ordonne un être humain pour en
faire un(e) prêtre.
Il y a à minima un épisode pro-gai dans les évangiles. Un
centurion romain et son mignon ont eu affaire à Jésus. L’épisode
est consigné dans trois parallèles: Matthieu 8, Luc 7, Jean 4.
Comment savons-nous qu’il s’agissait d’un couple gai? Eh bien,
les écrivains bibliques, qui n’étaient pas familiarisés avec la
réalité romaine des couples de deux hommes, ne savent pas
comment cataloguer le mignon du centurion: Matthieu le définit
comme "garçon" (
παῖς
)
et "esclave" (δοῦλος); Luc l’appelle seulement "esclave"
(δοῦλος), mais précise: "qui lui était intime" (ὃς ἦν αὐτῷ
ἔντιμος); Jean parle de "fils" (υἱὸς) et "garçonnet" (παιδίον).
Les paroles d’un centurion gai en couple, "Seigneur, je ne suis
pas digne que tu entres sous mon toit...", sont entrées dans
l’ordo de la Messe romaine. Non seulement Jésus n’a pas critiqué
le centurion et son mignon, mais en plus il a loué le centurion:
"En vérité, je vous le dis: je n’ai jamais trouvé de si grande
foi en Israël." (
Article
détaillé ici.)
Notons également que cet épisode, de la guérison du mignon du
centurion, est lu dans le rite romain traditionnel le 3ème
dimanche de l’Épiphanie, juste après l’épisode des noces de
Cana!
Le mariage, tel qu’il a été conçu par Dieu lors de la création,
n’est pas une question de différence sexuelle. Au contraire,
c’est une question de
mêmeté:
Puis le Seigneur dit : « Il n’est pas bon
que l’humain soit seul ; créons-lui une aide semblable
à lui. » Or Dieu avait aussi formé de la terre toutes les
bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les avait
conduits devant Adam pour qu’il sût comment il les nommerait,
car tout nom qu’Adam donna à chaque âme vivante devint, en
effet, son nom. Adam donna des noms à tous les bestiaux, et à
tous les oiseaux du ciel, et à toutes les bêtes des champs.
Mais il ne se trouvait pas pour Adam d’aide semblable
à lui. Alors Dieu fit tomber Adam en extase et
l’endormit ; puis il prit une de ses côtes, qu’il
remplaça par de la chair. Et de cette côte qu’il avait prise à
Adam, il forma une femme, et il la conduisit à Adam. Et Adam
dit : « Ceci maintenant est un os de mes os
et une chair de ma chair. Celle-ci sera appelée “hommesse”,
parce qu’elle a été prise de la chair même de l’homme. »
(Genèse 2:18-23)
Parmi les passages bibliques invoqués pour condamner les LGBT,
nous mentionnons:
1. L’épisode de Sodome et Gomorrhe (Genèse 19). Il s’agit d’une
tentative de viol collectif. Il y a un parallèle, dans Juges 19,
où on a affaire à un viol collectif hétérosexuel.
2. Lévitique 18:22. Traduit de travers depuis saint Jérôme, le
passage dit en réalité ceci: « Avec un [autre] homme, tu ne
coucheras pas avec une femme ; car c’est une abomination. »
Le verset condamne les partouzes. Vous pouvez lire en détail
l’article de Noah Marsh, "Qui est ma chair?"
en cliquant ici.
3. Les μαλακοί (littéralement "mous") et ἀρσενοκοῖται
(littéralement "coïteuses de mâles") dans I Corinthiens 6:9 et I
Timothée 1:10. Littéralement, μαλακοί signifie "mous". Les
homophobes ont choisi de l’interpréter comme efféminés ou
homosexuels. La langue maternelle de saint Paul a été l’araméen,
et la première traduction du Nouveau Testament a été la Pšitta
ou vulgate syrienne, qui date de l’époque même de la rédaction
du Nouveau Testament. La Pšitta traduit μαλακοί par מחבלא, qui
signifie « destructeurs » (en hébreu moderne, מחבל =
« terroriste »), ce qui démontre une compréhension
morale, non sexuelle, du mot grec. Quant au mot ἀρσενοκοῖται,
les homophobes l’interprètent aussi en référence à
l’homosexualité “pure et simple”, en prétendant qu’il s’agirait
de coïteurs de mâles. Au premier abord, ce mot emploie une
forme féminine, ce qui signifie qu’il se réfère soit à des
femmes, soit à un métier unisexe. La moindre des choses aurait
été de le traduire littéralement comme « coïteuses de
mâles. » Et la Peshitta nous donne raison, car elle emploie שכבי
עם דכרא, qui veut dire « [ceux/celles] qui violent [les]
homme[s]. » Le même verbe se trouve dans Isaïe 13:16
(« leurs maisons seront pillées, et leurs femmes
violées ») et Zacharie 14:2 (« les femmes seront
violées »).
4. Le 1er chapitre de l’épître de Paul aux Romains est une
reprise de Sagesse 13, et le sujet de la phrase est "les
idolâtres". Entre autres, Paul blâme les idolâtres (probablement
les sacrificateurs païens pratiquant la prostitution cultique)
qui négligent leurs épouses afin de coïter avec d’autres hommes,
et les femmes idolâtres qui négligent leurs époux pour coïter
avec d’autres femmes.
Puisque nous lisons les passages où il est dit que la femme doit
obéir à son mari, et les interprétons de façon égalitaire (les
époux se doivent une obéissance mutuelle et des soins mutuels),
les mêmes principes s’appliquent également aux époux du même
sexe.
Que dit la Tradition?
Le mariage entre deux hommes ou deux femmes n’est pas une
nouveauté. Il y a le rituel de l’adelphopoèse, qui a été utilisé
en Italie et dans les Balkans dès l’apparition du "couronnement"
(mariage hétérosexuel dans l’église). L’un des dix-huit textes
liturgiques peut être
téléchargé ici.
Pour le reste, les Pères de l’Église, malgré leur éruditie
doctrinale, n’étaient pas bons en sciences humaines. En général,
ils croyaient que la femme fût un homme biologiquement
défectueux, à l’exception de la Vierge Marie. Ils croyaient que
la Terre fût plate et au centre de l’univers. Saint Augustin
croyait que tout rapport sexuel, même hétérosexuel en vue de la
procréation, fût un péché. Saint Jean Chrysostôme était contre
les gais comme il était
contre les
Juifs. Tous les Pères s’exprimant au sujet de la
contraception naturelle étaient contre. À peu d’exceptions près,
les Pères étaient pro-esclavage.
Deux autres choses séparent notre éthique de celle des Pères. Le
christianisme primitif assimilait le service militaire à
l’homicide, et il ne permettait l’admission des soldats au
catéchuménat qu’après leur démission de l’armée. Deuxièmement,
l’usure, sous toutes ses formes, a été condamnée jusqu’au 19ème
siècle. Seuls les adeptes de Calvin admettaient le travail des
banques.
À raison ou à tort, Prudence considère le végétarisme comme
étant la norme chrétienne, du moins celle de son milieu. Le
Testamentum
Domini, de la même époque, permettait la consommation de
poisson seulement en cas de maladie. Nous savons que le carnisme
a fini par devenir la norme partout.
Nous avons évolué dans notre interprétation des Écritures au
niveau de la science et de l’éthique. Plus de 99% des personnes
qui condamnent les LGBT la bible en main auraient eux-même été
condamnés par l’Église des premiers siècles.
Que disent les théologiens?
Stephen Lovatt, "
Faithful
to the Truth", est le meilleur livre écrit au sujet de la
théologie LGBT. L’auteur analyse avec un luxe de détails non
seulement les textes bibliques, mais également les Pères de
l’Église, l’un après l’autre. L’auteur écrit d’une perspective
catholique-orientale, catholique-romaine traditionaliste et
orthodoxe-byzantine.
John Boswell, "
Unions
du même sexe dans l’Europe antique et médiévale", présente
également, textes à l’appui, les rituels d’unions pour les
couples de même sexe. Le livre parle également des passages
bibliques en question.
David Gushee, "
Changing
our Mind": l’auteur est professeur d’éthique théologique,
évangélique et hétérosexuel. Il a écrit ce livre en sachant que
par la suite il perdrait sa réputation chez les évangéliques.
Mark Achtemeier, "
The
Bible’s Yes to Same-Sex Marriage", écrit d’une perspective
évangélique.
Colby Martin, "
Unclobber":
ce pasteur évangélique hétérosexuel et sa famille ont été jetés
dans la rue pour avoir soutenu les LGBT.
John McNeill, "
L’Église
et l’homosexuel. Un plaidoyer", l’un des tout premiers
livres écrits sur le sujet, par un jésuite.
D’autres livres en anglais, même gratuits, y compris sur les
chrétiens transgenres, peuvent être
consultés en
ligne sur le site de l’association de Mathew Vines,
ici. Leur
association,
Réforme, a toute
une
série de vidéos sur l’inclusion des LGBT,
ici.
Les plus pertinentes semblent être celles de Mathews lui-même,
du prof. David Gushee, et de James Brownson.
Que dit le pape de Rome?
En tant que catholiques anglicans, nous croyons que tout évêque
est le successeur de saint Pierre (Matthieu 16:18). Nul évêque
ne devrait s’ériger en chef suprême au-dessus des autres.
Toutes considérations ecclésiologiques mises à part, il est un
fait avéré que l’évêque de Rome fait la guerre aux LGBT. Le
soi-disant
Catéchisme de l’Église catholique est un
livre auquel tous les catholiques-romains sont supposés adhérer.
Les papes ont le pouvoir de modifier ce livre, et le pape
François l’a fait récemment, pour modifier le canon sur la peine
de mort. Néanmoins, il n’a pas touché aux
trois
canons homophobes:
Officieusement il veut s’attirer la communauté LGBT par des
paroles en l’air qui ne valent rien, ensuite officiellement il
refuse d’éliminer l’homophobie de son catéchisme. Mr Bergoglio
est un homme dangereux de par son langage double: les personnes
non-averties pourraient croire que le Vatican eût changé de
position à ce sujet, ce qui n’est pas le cas. Le pape semble
avide d’appréciation, jusqu’à
se livrer à
des rituels païens et à
les
introduire dans la basilique du Vatican.
Or, fort heureusement, le monde n’a pas besoin du pape de Rome
pour être catholique. Notre Communion d’Églises vous souhaite la
bienvenue.
Au-delà de l’homophobie, l’Église de Rome a également un gros
problème avec l’hétérosexualité, puisqu’elle impose le célibat à
ses prêtres. L’idée de l’obligation du célibat en vue de la
prêtrise est relativement ancienne (3ème siècle); cependant ses
origines sont gnostiques: elle présuppose une incompatibilité
entre le sexe (même légitime) et la célébration fréquente de
l’Eucharistie. L’idée subsiste également dans certains milieux
byzantins, où les prêtres mariés évitent de célébrer la Messe en
semaine, et n’ont de rapports conjugaux que les mardis et les
jeudis.
Or nous savons que le célibat est une vocation, et qu’en règle
générale "il n’est pas bon que l’humain soit seul" (Genèse
2:18). Il n’est pas anodin que le tout premier miracle de Jésus
ait eu lieu à un repas de mariage.